Introduction

Il y a quelques mois, Uniqlo a surpris ses utilisateurs en modifiant un élément clé de son site web : la position de sa barre de navigation. Exit la traditionnelle barre en haut de page : la marque a opté pour une navigation en bas de l’écran, une approche plutôt rare sur desktop, mais plus courante sur mobile. Ce choix allait à contre-courant des conventions établies en ergonomie web… et a suscité la curiosité des designers. Mais quelques mois plus tard, Uniqlo a discrètement remis la barre en haut. Alors, simple test UX ou véritable échec stratégique ?

Le contexte : casser les codes

En UX, la barre de navigation est un repère fort. Sur desktop comme sur mobile, sa position influe directement sur la rapidité et l’efficacité de l’utilisateur à atteindre son objectif.

  • Convention desktop : navigation en haut
  • Convention mobile : navigation en haut ou en bas (cette dernière étant plus ergonomique pour le pouce)

Uniqlo a choisi d’appliquer un pattern mobile au desktop, possiblement dans un esprit de continuité cross-platform ou pour tester de nouvelles habitudes de navigation.

Hypothèse : un test grandeur nature

Il est probable que cette décision ait été issue :

  • d’une volonté de différenciation visuelle et ergonomique
  • d’un test A/B à grande échelle
  • d’un alignement sur une vision produit globale, visant à unifier l’expérience entre mobile et desktop

Les grandes marques comme Uniqlo ont les moyens d’expérimenter à grande échelle, et il n’est pas rare que leurs équipes design testent des changements radicaux pour mesurer l’impact réel sur les indicateurs clés : taux de clics, temps passé, taux de conversion, taux de rebond, etc.

Pourquoi cela a pu échouer

Plusieurs raisons pourraient expliquer le retour à l’ancienne disposition :

  1. Frustration des utilisateurs habitués : changer un repère aussi central peut provoquer de la confusion et ralentir la navigation.
  2. Perturbation de la hiérarchie visuelle : sur desktop, les yeux cherchent instinctivement en haut pour les menus.
  3. Impact négatif sur les ventes : si la navigation est moins intuitive, la conversion peut chuter.
  4. Résistance aux changements non justifiés : un changement perçu comme "gratuit" et non bénéfique est souvent mal accueilli.

Ce que cela nous apprend en UX

  • L’innovation ne suffit pas : aller à contre-courant des conventions demande une solide justification et des bénéfices tangibles.
  • Les analytics sont le juge final : l’équipe design de Uniqlo a certainement mesuré une baisse de performance après le changement.
  • Tester, c’est accepter d’échouer : dans la culture produit, un “revers” n’est pas un échec, mais une étape d’apprentissage.

Conclusion

L’expérience Uniqlo nous rappelle qu’en UX, les conventions existent pour une raison. Si les designers doivent oser expérimenter, ils doivent aussi savoir écouter les signaux des utilisateurs et revenir en arrière si nécessaire. Peut-être que cette tentative de navigation en bas était une exploration courageuse… mais elle n’a pas trouvé son public.

Comme on dit en design : “Fail fast, learn faster.”